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Nov 24

Petit Moïse avait 2 mamans, petit Jésus avait 2 papas. N’en déplaise à Benoît.

Article tiré du blog : A gauche pour de vrai !

Hier soir, pris d’une insomnie sévère, nous nous branchons sur l’émission “vous trouvez ça normal?!” sur la 2eme chaîne du service public. Il est pas loin de minuit et, déjà, nos paupières s’alourdissent face à ce talk show comme il en existe en pagaille dans notre Paysage Audiovisuel Soporifique. Quand, soudain, Benoist Apparu, venu là pour parler du problème posé par la multiplication des papas à l’UMP, lance cette phrase absolument définitive: “l’enfant n’est que biologique, il n’a rien de culturel, on pense uniquement aux droits des parents pas à celui de l’enfant”. L’enjeu de sa vérité définitive et sans appel, le refus du mariage pour tous. La preuve que ces propos sont sortis pour de vrai de la bouche de Benoist et non d’un rêve naissant produit par nos ondes alphas est juste là (1h, 1mn, 8s). Son souhait apparent au Benoist presque papal, l’équilibre de l’enfant plutôt que le désir narcissique d’apprentis parents. Patatras. Nos paupières retrouvent une nouvelle jeunesse, plus question de s’endormir. Parce que sa phrase à l’ancien ministre de Sarkozy fait bouillir nos neurones, ce qui n’est pas vraiment le meilleur remède d’une insomnie.

Sans parler de l’adoption, que Benoist Apparu venait de liquider d’un revers de main, plongeant probablement Bernadette et Jacques Chirac dans la même agitation cérébrale que nous, l’ancien ministre du logement de François Fillon assénait, sans même s’en rendre compte, un coup fatal à l’ensemble des croyants monothéistes qui constituent le gros des troupes opposées au mariage pour tous. Le comble, c’est qu’il pensait leur venir en aide.

Benoist Apparu ne semblait plus se souvenir, hier, un peu avant minuit, que le petit Moïse avait deux mamans. Sa maman biologique, Yokheved, et sa maman adoptive, Bithiah, la soeur de pharaon, excusez du peu. A en croire la thèse de Monsieur le psychosociologue Apparu, Moïse n’avait d’yeux que pour Yokheved, sa mère de sang et de gènes. Seulement voilà. Lorsqu’il décide de vivre sans domicile fixe, traversant le désert à la recherche d’un endroit moins esclavagiste, Bithiah, sa mère adoptive, décide de le suivre. Elle renonce à la gloire et au luxe du palais au profit de la pauvreté et de l’errance. Pourquoi donc une telle folie? Parce que son fils le lui demande, parce qu’elle ne peut se séparer de celui qui est DEVENU son fils, non par le sang ou le gène, mais par la CONSTRUCTION d’un amour familial.

Benoist Apparu ne semblait plus se souvenir, hier, un peu avant minuit, que le petit Jésus  avait une maman et deux papas. Sa maman, Marie, dit à son mari, Joseph, qu’elle a fait un bébé toute seule. Enfin, pas tout à fait toute seule, elle a été un petit peu aidé par dieu, rien que ça. Pourtant, Joseph, qui n’a pas transmis son sang et ses gènes à l’enfant Jésus l’acceptera, l’éduquera, bref l’adoptera, passant outre les ragots nombreux d’un époux trompé, acceptant de renoncer au confort de sa petite entreprise artisanale, acceptant de voir son fils naître dans l’inconfort d’une petite étable. Pourquoi donc une telle folie? Parce que, n’en déplaise à Monsieur l’anthropologue généticien Apparu, Joseph aimait déjà cet enfant avant qu’il vienne au monde, sans en être le père biologique. Il s’est CONSTRUIT papa le Joseph.

L’exemple de ces deux enfants MODELES, pour tous les croyants du monothéisme, les oblige à reconsidérer leur point de vu selon lequel un enfant, qui réussit dans la vie, est obligatoirement issu d’un père et d’une mère qui se sont échangés leurs gènes. S’ils devaient persévérer dans leur vénération d’une filiation que ne pourrait être que biologique, ils seraient contraints d’abandonner leur foi et de cesser de penser pour véridique leur bible. Car d’évidence, elle leur raconterait des cracs à propos du petit Moïse ou du petit Jésus, ces enfants prodigues, éduqués loin, très loin des canons standards de la famille patriarcale.

En réalité, les arguments religieux, moraux ou anthropologiques, sitôt qu’on les discute, ne peuvent dissimuler bien longtemps ce qu’ils cachent: une homophobie qui n’est rien d’autre qu’un racisme évident. Ainsi, les gènes et le sang prévalent sur la culture et la réalité sociale. Ainsi, les gènes et le sang sont en danger face à cette culture et cette réalité sociale néfastes. Ainsi, pour défendre les gènes et la pureté du sang contre le péril culturel et social on insulte, on frappe. Et pourquoi pas, demain, on éradique pour de bon la culture et la réalité sociale.

Au fait, pour petit Moïse et petit Jésus, avoir 2 mamans, avoir 2 papas, ça ne leur a pas si mal réussi que cela.

Sydne93 (agauchepourdevrai.fr)

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